Comme il est de règle pour une princesse, des mariages sont envisagés pour Elisabeth. Versailles a songé, tout d'abord, à l'infant du Portugal, prince du Brésil, puis lors de la venue de Joseph II, le frère de Marie-Antoinette, en 1777, on a pensé qu'une union serait possible entre l'empereur d'Autriche et une princesse de France.
Rien ne se fit pour différentes raisons dont les principales, en ce qui concerne Madame Elisabeth, sont une réelle attirance vers la spiritualité et un désir profond de rester vivre en France.
A la fin de sa courte vie, elle laissera échapper un regret : "Pour moi, il n'y a rien de comparable à Versailles !".
Beaucoup pensent qu'elle entrera en religion, comme sa tante Louise, tant sa piété est apparente. Louis XVI, assez réticent à cette idée, estime qu'il lui laissera un choix de vie lors de sa majorité (25 ans).
Mais, Elisabeth ne semble pas avoir eu, à cette époque, la vocation religieuse. A quinze ans, elle signe une lettre, Elisabeth de France, la Folle, et à 18 ans, elle se moque de ses rondeurs. "J'espère... que vous reviendrez aussi grasse que moi", écrit-elle à la marquise de Rohan en 1782.
Vivre enfermée dans un lieu clos n'est pas dans sa nature. Elle a besoin de vivre au grand air, de marcher beaucoup, ce qu'elle fait en de longues promenades dans le domaine de Versailles et surtout, en pratiquant l'équitation.
Excellente cavalière, elle éprouve une réelle passion pour les chevaux, ne tenant aucun compte des dangers, au point que son frère, le roi, a fait élaguer tous les bois du domaine de Versailles.
Divers événements, la politique, les tempéraments des jeunes princes et princesses devenus adultes et l'accession au trône de Louis XVI et de Marie-Antoinette conduisent la famille royale à se diviser plus ou moins ouvertement. Seule, Madame Elisabeth côtoie tout le monde, est acceptée à Trianon, domaine de la reine, s'amuse avec Artois, discute avec Provence et reste présente auprès du roi, sans oublier d'aller voir ses tantes, éloignées à Bellevue, ainsi que Louise, carmélite à Saint-Denis.
Elle trouve sa place à la cour, participe aux activités, festivités, suit la mode, tant à Versailles qu'à Choisy, Compiègne, Marly ou Saint-Cloud. Les activités sportives ne l'empêchent pas de continuer à étudier et à devenir une excellente mathématicienne, auteur d'une table préparatoire à l'étude des logarithmes utilisée par l'Ecole militaire, ce dont elles s'étonne.
Elle pratique le tout avec modération, effacement, se consacrant aux oeuvres de charité, se réfugiant quotidiennement dans la prière, particulièrement à la Vierge Marie au au Sacré-Coeur de Jésus.
Le roi lui constitue une Maison et Madame Elisabeth garde fidèlement ses amies d'enfance et dames d'honneur, n'aimant guère les changements. L'amitié qu'elle éprouve pour Angélique de Mackau, devenue marquise de Bombelles, et Marie de Causans, devenue madame de Raigecourt, dure jusqu'à son dernier jour.
Son attachement pour madame de Guéménée, mise au ban de la société à la suite de l'endettement scandaleux de son mari, est public, et, par l'intermédiaire de Marie-Antoinette, elle obtient du roi la dot de mademoiselle de Causans, soit 150 000 livres, se privant, en échange, de cinq années d'étrennes.
En 1781, l'Almanach des Muses publie :
"Pour le portrait de Madame Elisabeth de France, soeur du roi
Digne soeur d'un Monarque auguste et bienfaiteur
A faire des heureux, elle passe sa vie :
Sa bonté, ses vertus, son air noble et touchant
Donneraient même aux dieux un peu de jalousie
Si le nom de Bourbon pouvait craindre l'envie"
Par M. L. C. D. F.
La constitution du 3 septembre 1791 établit une monarchie constitutionnelle avec droit de veto, que le roi ne peut utiliser sans provoquer un soulèvement populaire comme celui du 20 juin 1792. Au cours de cette première invasion des Tuileries, Madame Elisabeth offre sa vie, se faisant passer pour Marie-Antoinette, contre laquelle se manifeste la violence populaire.
Deux mois après, le 10 août 1792, c'est le sac des Tuileries. Si la famille royale est sauvée en trouvant refuge dans le bâtiment de l'Assemblée législative, elle devient, dès ce moment, prisonnière de la Commune de Paris.
Ainsi, Madame Elisabeth, qui aurait pu quitter la France, plusieurs fois, à la demande du roi, en particulier lors du départ de ses tantes en 1791, a toujours décidé de rester auprès de son frère et c'est volontairement qu'elle devient prisonnière, elle aussi, de la Commune de Paris et qu'elle entre dans la Tour du Temple le 13 août 1792.